Plan de l’article :
C’est l’heure de la récréation : les mots fusent, sonnent, jaillissent. Et, parfois, évolution de la langue oblige, certains nous semblent incompréhensibles. C’est le cas de quoicoubeh, expression phare des ados en 2023.
Mais, c’est quoi exactement, quoicoubeh ?
« Quoicoubeh » : définition et origine de l’expression
Quoicoubeh est une expression argotique lancée en guise de réponse à une personne (idéalement un adulte qui ne connaît pas l’expression) répondant quoi en langue familière.
Cette plaisanterie fonctionne sous forme de piège verbal et vise à désamorcer un dialogue ou une conversation par le biais d’une blague afin de faire rire l’assistance.
Comme l’explique la linguiste Julie Neveux lors d’un entretien dans le journal Le Point, quoicoubeh « vient démonter le système dialogique » : il fonctionne « comme une sorte de mini-défi, de mini-pulsion nihiliste destinée à semer le chaos dans l’interaction linguistique classique ».
C’est donc l’expression phare des adolescents pour déstabiliser leurs professeurs ou encore faire tourner leurs parents en bourrique !
Le saviez-vous ?
L’expression quoicoubeh est tirée d’un jeu de mots utilisé en Côte d’Ivoire, consistant à lancer l’interjection « quoicou » en réponse à la question quoi ?
L’ajout du mot « beh » a permis de diversifier l’expression lors de son arrivée en France et de lancer l’effet de mode tel que nous le connaissons aujourd’hui.
Du fait de sa prononciation majoritairement orale, il existe plusieurs graphies et variations possibles de ce véritable phénomène linguistique :
Quoikoubeh
Quoicoubé
Quoi cou beh
Quoi kou beh
Quoi koubeh
Quoi couper (plus rarement)
L’expression « quoicoubeh » a-t-elle un sens ?
Absolument pas !
Ce tic de langage fonctionne plutôt comme un jeu sémantique et langagier où l’on rebondit sur la même sonorité des mots afin de renvoyer la balle à l’interlocuteur de manière ludique et imagée. L’expression est d’ailleurs volontiers employée par les ados pour saper l’autorité des parents ou des professeurs.
Un jeu pourtant pas si nouveau que ça : les générations des années 80 se souviendront peut-être du mot feur, ancêtre du quoicoubeh dans les conversations (et formant le mot coiffeur). Rien de bien nouveau, donc, si ce n’est la nouvelle terminologie remise au goût du jour !
- Quoi ?
- feur !
Cette nouvelle onomatopée, essentiellement lancée sur un ton moqueur, vient de faire son apparition très récemment, au milieu de l’année 2023, résultat d’un effet de mode des réseaux sociaux.
Car c’est bien de là que nous vient cette expression, plus précisément du réseau social TikTok, adulé des jeunes qui le consomment à longueur de journée afin d’en ressortir les tendances du moment. Dont quoicoubeh.
Un véritable effet de mode, comme en témoigne le hashtag #quoicoubeh qui totalise plus de 12 millions de vues !
Le saviez-vous ?
Cette expression virale est apparue pour la première fois sur le réseau social du tiktokeur Cameron Djassougue, dit LaVache (@camskolavache) avant d’atterrir dans toutes les cours d’école. Depuis, de nombreux jeunes s‘amusent de cette expression (par exemple, la « Forêt du Quoicoubeh »).
Aujourd’hui, on retrouve un grand nombre de variantes construites à l’aide du préfixe « quoicou- » et modelées par les adolescents au fil du temps.
Citons, entre autres :
- quoicoubae (formé de « bae », un surnom affectueux d’origine anglo-saxonne)
- quoicoubaka (formé de « baka », signifiant « imbécile » en japonais)
- quoicoufeur (une agglutination ou juxtaposition de quoicoubeh et de son ancêtre coiffeur)
- quoicouflop (utilisé pour désigner une personne ayant fait un « flop », un « bide » en voulant faire rire ou divertir)
Exemples de phrases avec « quoicoubeh »
Voici quelques exemples concrets pour mieux comprendre le fonctionnement de cette expression à la fois futile et ludique.
— Tu viens au ciné avec moi cet après-midi ?
— Quoi ?
— Quoicoubeh !
— Ben quoi ?
— Quoicoubeh !
— Tu m’as entendu ou non ?
— Quoi ?
— Quoicoubeh !
« Heinpayaye », « apayinye », les alternatives de « quoicoubeh »
Vous pensiez avoir trouvé la parade en répondant hein à vos enfants ? Détrompez-vous, car vos chères petites têtes blondes ont déjà un équivalent avec « heinpayaye » ou « apayinye » qui n’a également strictement aucun autre objectif que de vous faire tourner en bourrique !
— Hein ?
— Heinpayaye !
« Quoicoubeh » : le néologisme phare de 2023
Du fait de son apparition récente, le terme quoicoubeh peut être considéré comme un néologisme, c’est-à-dire un « mot nouveau » de la langue française.
Ces mots nouveaux sont généralement créés afin de combler un manque ou une absence lexicale. Ils peuvent aussi être formés par pur hasard ou effet de mode, raison pour laquelle certains sombrent rapidement dans l’oubli au fil des années.
Pensez aux clips musicaux qui sortent chaque été, que l’on entend jour et nuit pendant de nombreuses semaines et tombent, eux aussi, aux oubliettes ! La pérennité d’un néologisme n’est donc pas toujours assurée et reste vouée à un destin relativement incertain.
Remarque :
Les dernières générations comptent parmi les groupes les plus influents dans la création de néologismes, jouant le rôle de vecteurs essentiels de renouvellement et de métamorphose de la langue. C’est ici le cas avec le terme quoicoubeh.
Le langage des jeunes n’est d’ailleurs pas uniquement constitué de néologismes, mais aussi d’anglicismes (comme ghoster), d’abréviations ou de termes en argot issu du louchebem, comme en loucedé.
D’autres mots nouveaux, au contraire, s’imposent dans le temps et sont repris par une majeure partie de la population, raison pour laquelle ils tendent à s’imposer et à, parfois, intégrer les dictionnaires. C’est le cas des nouveaux mots wokisme, jeton non fongible ou babtou qui, eux, ont intégré les dictionnaires 2023.
Exemples de néologismes français :
le franglais
la minijupe
le cédérom
le touchatouisme
Assiste-t-on à un déclin de la langue française ?
Vous levez les yeux au ciel lorsque vous entendez vos enfants ou vos élèves répondre par quoicoubeh ?
Stop !
Si ce tic de langage devient une véritable pandémie linguistique dans les cours d’école, sachez que ce phénomène est loin d’être nouveau et qu’il participe même au renouveau de la langue française. Songez, comme mentionné plus haut dans l’article, au préfixe « -feur » qui a fait le bonheur des professeurs dans les années 80 ! De là à remercier nos chères têtes blondes, il n’y a qu’un pas…
De manière générale, ces variantes du français standard constituent une forme de langage identitaire, propre à certains groupes, comme l’explique Auphélie Ferreira, enseignante en Sciences du langage à la Sorbonne Nouvelle : « les ados […] utilisent la langue pour s’identifier à un groupe ». C’est le cas également de l’argot ou du verlan qui jouent ce rôle de vecteur identitaire.
Alternatives à « quoi » ou « hein » dans la langue formelle
Les termes quoi et hein font partie du langage familier et devraient être évités au profit d’expressions plus élégantes telles que :
- Comment ?
- Excusez-moi ?
- Pardon ?
Exemples :
Comment ? Je n’ai pas compris votre question.
Excusez-moi ? Pourriez-vous répéter s’il vous plaît ?
Pardon, mais je ne vous ai pas entendu.
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