Bailler
Bayer
Bâiller
Faut-il écrire « bailler », « bayer » ou « bâiller » ?
On écrit bâiller, avec un accent circonflexe sur le « a » et sans « y ».
Je bâille d’ennui devant ce film tellement il est mauvais.
Elle n’arrête pas de bâiller depuis le début du cours.
Pourquoi bâille-t-on ?
Bâiller désigne l’« ouverture involontaire de la bouche lorsque l’on est fatigué ou lorsque l’on s’ennuie », c’est-à-dire un bâillement, phénomène fréquent aussi bien chez l’être humain que chez les animaux.
Le verbe est issu du verbe latin « bataculare », un dérivé de « batare » (« bâiller ») et a fait son apparition en français vers le XIIᵉ siècle. Il était alors orthographié « bäaillier ».
Pourquoi « bâiller » s’écrit-il avec un accent circonflexe ?
Cet ajout vient rappeler l’existence de l’orthographe première de ce verbe avec un tréma : « bäaillier ». L’accent circonflexe est alors placé sur le « a » (et non le « i »), traduisant ce marquage phonétique très spécifique sur cette lettre.
Mais qu’en est-il des deux autres homophones ? Les variantes orthographiques bayer et bailler sont-elles vraiment incorrectes en français ?
Pas si sûr !
Quelles différences existe-t-il entre « bailler », « bâiller » et « bâiller » ?
Les termes bâiller, bailler et bayer existent bel et bien et se prononcent de manière identique. En revanche, ils ont une orthographe et des sens différents, les deux formes vieillies bayer et bailler n’étant presque plus utilisées à l’heure actuelle que dans quelques expressions figées.
1. Que signifie « bayer » ?
Dérivé de « baer » et de « béer », bayer se retrouve aujourd’hui au sein de l’expression être bouche bée, soit « rester la bouche ouverte sous le coup de l’étonnement ».
Une expression très similaire à l’action de bâiller !
Figé, il restait bouche bée et ne savait que répondre.
Le verbe ébahir (« provoquer un étonnement ») ou l’adjectif béant (désignant « quelque chose de grand ouvert ») sont d’ailleurs des formes dérivées, issues de la même terminologie.
Nous étions ébahis par le spectacle.
Un trou béant s’ouvrait sous nos pieds.
Aujourd’hui, on ne retrouve la variante orthographique bayer que dans la locution figée bayer aux corneilles, jadis sous la forme de l’expression bayer aux grues, employée dans Les Contes cruels de Villiers de l’Isle-Adam. À l’époque, le passage de corneilles devant le chasseur le poussait à bayer d’ennui, car ces petits oiseaux n’étaient alors que peu intéressants à chasser, et donc peu valeureux.
Une autre hypothèse suggère un lien avec le cornouiller, un arbre dont le fruit, de petite taille et de saveur aigre, serait immangeable et donc, là encore, peu intéressant pour les chasseurs lors de la cueillette.
Bailler aux corneilles
Bâiller aux corneilles
Bayer aux corneilles
Aujourd’hui, on pourrait traduire cette expression par « rêvasser », « avoir le regard dans le vide », « s’ennuyer » ou « être perdu dans ses pensées ».
Arrête de bayer aux corneilles et concentre-toi un peu sur ton devoir !
2. Comment employer « bailler » ?
De son côté, le verbe bailler, sans accent circonflexe, est issu du latin « bajulare », signifiant « porter », « administrer » ou, comme nous l’indique l’Académie française dans un article du 1ᵉʳ septembre 2022, « donner, mettre à disposition de quelqu’un ».
Bailler est d’ailleurs à l’origine des termes juridiques bail ou bailleur, relatifs à la location d’un bien meuble ou immeuble.
Le bailleur est passé pour la signature du contrat de location de l’appartement.
Le bail a été signé aujourd’hui.
Attention !
On veillera à ne pas confondre le terme juridique bail avec le nom familier bail utilisé dans le langage des jeunes pour désigner « une chose ou un projet ».
Aujourd’hui, le verbe bailler sous cette forme orthographique est uniquement utilisé dans l’ancienne expression « la bailler belle à quelqu’un », ou « la bailler bonne », soit « tromper, duper quelqu’un ».
3. Bon usage et définition du verbe « bâiller »
Aujourd’hui, le verbe bâiller est aussi bien utilisé pour désigner l’« ouverture de la mâchoire d’une personne ou d’un animal » que pour caractériser l’« ajustement incorrect d’une chose ou d’un objet ».
Il bâillait d’ennui.
La porte, mal fermée, était entrebâillée et nous permettait d’observer la scène sans être vus.
Il faudrait réparer la porte d’entrée qui bâille.
Mon chemisier bâille, je dois porter un sous-pull.
Le saviez-vous ?
Les noms bâillon, bâillonnement ainsi que le verbe bâillonner indiquant l’action de « réduire une personne au silence en lui appliquant un bandeau sur ou dans la bouche ».
Ils prennent également un accent circonflexe sur la lettre « a » et appartiennent à la même famille que bâiller.
Ce qu’on retient des verbes « bâiller », « bayer » et « bailler »
Si les trois verbes sont certes corrects, on notera quelques différences de leur emploi en fonction du contexte.
Comme indiqué auparavant, le verbe bâiller, pourvu d’un accent circonflexe sur la lettre « a », est celui qui reste exclusivement à employer de nos jours, les deux autres variantes (bailler et bayer) étant considérées comme des formes archaïques.
- bâiller = action du bâillement, ouverture de la bouche en signe de fatigue ou d’ennui. Le verbe désigne également quelque chose de mal ajusté ou d’entrouvert.
- bailler = action de faire un bail.
- bayer = forme désuète, perdurant uniquement dans la locution « bayer aux corneilles », soit « rester la bouche ouverte de stupéfaction », « rêvasser ».
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