Définition du « solécisme » :
Faute de langage écrite ou orale en raison d’une erreur au niveau de la construction, de la syntaxe de la phrase.
Exemple :
(Réplique du film « La Guerre des boutons »)
Un « solécisme », c’est quoi ?
Le mot solécisme est issu du latin « soloecismus » et du grec « soloikismôs », eux-mêmes dérivés de la ville de Soles, aujourd’hui disparue.
Les habitants de cette île, située en Asie Mineure (l’actuelle Turquie), avaient alors pour réputation de mal maitriser la langue grecque : les fautes récurrentes qu’ils commettaient en parlant et en écrivant ont valu par la suite l’apparition du fameux mot, le solécisme, en référence à cette altération syntaxique.
Comme on l’aura sûrement deviné, le solécisme consiste aujourd’hui à désigner une « faute de syntaxe » par rapport aux règles et normes grammaticales en vigueur.
Le saviez-vous ?
Soléciser désigne « faire un solécisme ».
Cette faute dans la construction de la phrase peut concerner, par exemple, la concordance des temps, l’accord masculin/pluriel, le régime des mots ou encore l’utilisation erronée de prépositions, de conjonctions ou de pronoms.
Exemples :
J’ai allé au sport ce matin.
Je suis allé au sport ce matin.
Touche-moi pas !
Ne me touche pas !
Quelques exemples de solécismes en français
On distingue plusieurs types de solécismes, en fonction de l’erreur qu’ils concernent.
Généralement, ces erreurs sont liées à un usage incorrect par les médias ou encore à l’émergence des anglicismes qui nous encouragent à franciser ces structures à mauvais escient.
Phrase correcte | Solécisme |
Finalement, nous sommes restés à Albi. | Au final, nous sommes restés à Albi. |
Je vais chez le coiffeur. | Je vais au coiffeur. |
Il ne m’a rien dit pour que je ne me fâche pas. | Il ne m’a rien dit pour pas que je me fâche. |
C’est de cela que je parle ! | C’est de cela dont je parle ! |
J’ai tort. | J’avons tort. |
Je reviens d’ici à trente minutes. | Je reviens d’ici trente minutes. |
Il faut impérativement pallier ce manque. | Il faut impérativement pallier à ce manque. |
Tu viendras après que tu as terminé ton travail. | Tu viendras après que tu aies terminé ton travail. |
Je me rappelle cette histoire. | Je me rappelle de cette histoire. |
J’arrive tout de suite ! | J’arrive de suite ! |
Aujourd’hui | Au jour d’aujourd’hui (qui est aussi un pléonasme) |
Loin de là ou tant s’en faut | Loin s’en faut |
Parmi les solécismes les plus courants, citons également celui concernant la préposition sur.
Je travaille à Paris.
Je travaille sur Paris.
Comme nous l’explique l’ancien professeur de lettres classiques Julien Soulié dans Les pourquoi du français, « le sens ne serait pas le même : sur indiquerait ici une spatialité plus large, moins précise, moins “surplombante” – Je travaille sur Paris engloberait alors la capitale et sa région. […] Je travaille sur Paris signifierait que vous êtes susceptible de pas mal bouger dans Paris, près de Paris et autour de Paris ».
« Solécisme » ou « barbarisme » ?
Attention à ne pas confondre le solécisme avec le barbarisme !
Le barbarisme (contrairement au solécisme) consiste, lors d’une faute de langage, à inventer un mot, à le déformer de manière incorrecte. Contrairement au néologisme, dont il pourrait se rapprocher, le barbarisme n’a pas pour vocation de combler un manque lexical nécessitant la création d’un terme nouveau.
Il est plutôt le résultat d’une erreur d’élocution et se révèle donc fréquent, tout particulièrement lorsque l’on apprend une langue (enfants, personne apprenant une langue étrangère, etc.).
Exemples de barbarismes en français :
Phrase correcte | Barbarisme |
Un astérisque | Un astérix |
Un aéroport | Un aréoport |
Un infarctus. | Un infractus. |
Un dilemme | Un dilemne |
Une manucure | Une manicure |
L’eau bout. | L’eau bouille. |
Faire une digression | Faire une disgression |
Le saviez-vous ?
Le terme barbare est lui-même issu du substantif barbare, à l’époque de l’Antiquité où les langues des civilisations étrangères ennemies (les fameux « Barbares ») étaient considérées par les Grecs comme incompréhensibles.
Bre, bre, bre ou encore bar, bar, barétaient les paroles qui leur semblaient être prononcées. Des borborygmes en quelque sorte, qui ont alors donné le nom barbare, puis barbarisme.